L'Urbaine Comédie
"Les jeunes sont des cons", se dit ce soir là M.Casian, en pensant à son fils actuellement en garde à vue au poste de police du 66eme arrondissement. A vrai dire, ce n'était pas la première fois que le riche homme d'affaire pensait cela, son fils et sa belle-fille avant lui, lui avaient déjà permis de réfléchir à ce sujet à de nombreuses reprises. Mais cette idée lui revenait de plus en plus, était-il aussi con dans sa jeunesse ? Surement pas. La technologie, les jeux vidéos et les smartphones rendait les jeunes cons sans doutes...
M.Casian se racla la gorge et regarda l'heure sur sa Rolex, une heure trente-huit du matin y lit-il. Les rues étaient éclairées par un lampadaire tout les cinq mètres et les enseignes lumineuses des magasins suffisaient à anéantir tout recoin ombreux dans l'avenue empruntée par sa voiture. Des voies plus étroites, perpendiculaire au boulevard se présentaient régulièrement, plongées rapidement dans l'obscurité.
Casian ne conduisait pas, il ne conduisait plus depuis qu'il pouvait payer quelqu'un pour le faire, soit depuis le jour où son con de père était mort d'un arrêt cardiaque et lui avait légué l'entreprise.
A l'époque ou les vieux étaient con, par faute de manque de technologie. Décidément, se dit-il, seule sa génération a connue le juste milieu.
Pour passer le temps jusqu'au commissariat ou était retenu son fils, l'homme d'affaire connecta son smartphone à internet et consulta ses mails: rien de neuf, il checkait sa boite mail toutes les trois minutes lorsqu'il n'était pas en rendez-vous professionnel. Puis par habitude il alla surveiller le cours de la bourse et surtout la valeur de l'or, domaine dans lequel l'entreprise familiale fleurissait depuis deux ou trois générations.
La courbe était stable, en légère hausse, rien de particulièrement intéressant en vérité. Rien d'assez important pour détourner son attention de la sale histoire dans laquelle son fils c'était trempée cette nuit. "Le petit con" hurla-t-il intérieurement. Les Casian ont tous eu dans leur vies des sales histoires avec des jeunes femmes (ou de jeunes hommes pour l'oncle Gilbert), mais là Paul avait dépassé les bornes.
Une mineure gravement blessée et manifestement en état de choc, si M.Casian n'avait pas eu de bons contacts, la réputation de la famille et de l'entreprise était ruinée.
Mais tout était déjà quasiment arrangé, le procès de son fils se déroulerait la nuit du crime et il en résulterait un non-lieu et quelques milliers d'euros qui passeront de la poche de M.Casian à celle de monsieur Bankony, haut magistrat, et régulièrement associé de l'entreprise familiale.
La voiture s'arrêta et Casian vu qu'il était arrivé à destination. Il sortit sans dire un mot et rentra dans le poste de police. Il pénétra dans une salle d'accueil mal éclairée. Le sol était en carrelage gris terne et un bureau en aggloméré occupait le fond de la pièce. Derrière se tenait une femme, une pouffe décolorée mâchant un chewing-gum d'un air distrait. Il était attendu et on ne le fit pas patienter devant ce triste spectacle empli d'ennui. Il suivit un officier dans un dédale de couloirs mal éclairés et au carrelage gris terne, jusqu'à un bureau tout aussi mal éclairé et au même carrelage. Dedans se trouvaient le commissaire adossé contre un mur, le juge assis sur le siège du commissaire, qui avait symboliquement revêtu son habit de magistrat et assis et menotté contre un radiateur, son con de fils Paul.
Celui failli fondre en larmes quand son père entra dans la pièce, s'il n'avait aucun souci à se faire sur le plan judicaire, il savait ce qui l'attendait une fois rentré.
M.Casian observa son fils de dix-neuf ans, son surpoids évident, ses yeux porcins et ses cheveux noirs et gras. Il se demanda ce qu'il avait fait pour mériter d'un fils comme ça. La chemise de Paul était déchirée au niveau de l'épaule gauche et plusieurs taches rouges s'épanouissaient en dessous. Il détourna son regard de sa progéniture et alla s'assoir sur une chaise laissée vide devant le bureau du commissaire.
"Bonjour messieurs", M.Casian parlait avec une voix monocorde, celle qu'il employais lors des transactions.
Le commissaire ne répondit que par un signe de tête mais le juge étira son long visage en une mine grave:
"Monsieur Casian il est bon de vous voir en ces temps troublé, je vous en prie finissons en rapidement."
En terminant sa phrase, il abandonna les faux semblants et dévoila un visage heureux comme un enfant édenté attendant la petite souris.
"- J'aimerais d'abord avoir un rapide résumé des faits si vous le voulez bien. Casian voulais avoir le fin mot de l'histoire pour punir son fils en conséquence.
-Je vous en prie, commissaire c'est à vous."
Le policier pris la parole en se raclant la gorge:
"A 23h47 ce soir là, deux officiers ont été alertés par une jeune femme en larmes, qui les a dirigés vers un terrain vague d'ou s'échappaient des cris. Mes hommes ont découvert une scène de viol en réunion perpétrée par trois hommes, deux d'entre eux ont réussi à s'échapper, quant au troisième, le commissaire marqua une pause et désigna Paul d'un signe de tête, le troisième est ici.
-La victime est une mineure de 16 ans qui rentrait d'une soirée en banlieue avec une amie, celle qui a prévenu les agents de police. Elle a été retrouvée inconsciente et blessée grièvement. Elle est actuellement en réanimation à l'hôpital du 66eme arrondissement. La famille n'a pas encore été prévenue et aucune enquête n'a encore été ouverte. Les enquêteurs estiment qu'il y a peu de chance que l'ont retrouve les coupables.
-Et pour la jeune témoin de la scène ?
-Elle subira une séance d'hypnose, si elle n'est pas assez réceptive, elle finira à l'hôpital psychiatrique.
-Mais les gens ne vont ils pas voir qu'elle n'est pas folle ?
- Ne vous en faites pas, le personnel de l'hôpital ne posera pas de questions et elle sera interdite de visite pour éviter que l'histoire ne s'ébruite."
Casian avait l'impression de regarder le journal télévisé, le commissaire parlait comme s'il se trouvait à une conférence de presse.
Cependant le rapport du policier l'avait considérablement énervé, Paul serait sévèrement châtié pour ses actes inconscients. Il le sentait gémir sur sa chaise, il savait que son père n'aimait pas qu'il agisse avec tant de stupidité.
"-Bon messieurs, écourtons ce rendez-vous j ai encore à faire ce soir, Monsieur Bankony, à l'heure ou nous parlons, cinquante lingots d'or d'une valeur de mille euros chacun sont entreposés au grenier de la maison abandonnée au 13 rue des capucins. Mes employés attendent les vôtres. Mon assureur a déjà été prévenu du braquage d'un entrepôt de la CasianGold company par des jeunes de la cité des Metteguins.
-L'affaire est classée, déclara le juge en guise de réponse.
-Il y a peu de chances que l'ont retrouve les coupables, répéta le commissaire."
Casian avait obtenu ce qu'il voulait, il salua les deux hommes et reparti dans sa limousine, son con de fils le suivant comme un chien battu, "et à raison", songea le père en colère.
Dans la voiture, Paul fondit en larmes mais ne tenta pas de plaider sa cause, il savait désormais que c'était vain.
Ayant toujours préféré laisser place à l'instinct en matière d'éducation, le père responsable s'efforça à ne pas penser à la manière dont il allait enseigner sa prochaine leçon à son fils, Casian préférait y aller "au feeling". Il se concentra donc sur le trajet et les quelques personnes encore dehors. Le hasard de la circulation lui permit d'observer pendant deux ou trois minutes un couple de punks accompagnés de deux gros mais sympathiques chiens.
Il y avait beaucoup de gens que M.Casian détestait, mais étrangement il avait toujours bien aimé les punks, de loin bien entendu. Pour les avoir rapidement fréquentés pendant sa courte mais violente crise d'adolescence, il appréciait le sentiment de liberté et l'absence de pression que conférait cette vie.
Le trajet était bien plus cours au retour qu'à l'aller et la limousine était déjà arrivée à la villa qu'occupait la famille. Malgré cela, le bourreau n'avait pu s'empêcher de penser à sa nouvelle ceinture dont il avait récemment fait l'acquisition sur internet, il avait trouvé le thème principal de la leçon du jour...
"Nom de Dieu quel froid !"
Cela faisait une heure que Gregg attendait dans la nuit. Quand monsieur Casian l'avait contacté et donné les directives de sa mission, il avait rapidement réagi en appelant l'équipe habituelle. Il ne savait pas exactement ce qu'il s'était passé, mais a en juger par les ordres reçus, il sut que Paul avait sûrement déconné. Gregg se dit que celui-ci devait salement morfler à cet instant.
Malgré le réconfort que lui apporta cette pensée, l'homme de main était très mal à l'aise, il avait froid, il s'emmerdait au plus au point, ses acolytes étant aussi intéressant qu'une bande de moules sur un rocher. Mais le pire dans tout ça c'était cette baraque, cette putain de baraque de quatre cents-piges, inhabitée depuis bien trop longtemps et sources de trop d'histoires sordides et de faits divers pour être normale.
M.Casian n'était pas un superstitieux, le juge Bankony probablement pas plus, mais Gregg avait tellement les chocottes qu'il avait du se piquer a l'Arizona Dream pour pouvoir rentrer les lingots dans la maison. Personne ne tenait à rester dedans et Gregg ne se sentait pas de forcer un des gars à surveiller l'or, de toutes façons cette bâtisse n'avait aucun intérêt aux yeux de quiconque. D'ailleurs maintenant que les effets de la drogue étaient retombés, plus personne n'osait plus ne serait-ce que diriger son regard vers le manoir.
Regarder un film d'horreur était peut-être le meilleur moyen de sauter Jessica, mais certainement pas une bonne idée avant de faire un taf ici. Gregg s'en mordait les doigts à présent, croyant voir un cadavre de sorcière antique revenue à la vie jaillir de chaque coins d'ombres, et regrettait d'avoir laissé seuls les magnifiques seins dodus de Jessica et ce, même pour le gros pactole à la clé.
Cette baraque entourée d'un jardin semblait écrasée entre deux immeubles, une véritable île d'ancienneté dans une mer de building. Rien ne serait fait pour la démolir étant donné qu'elle sert de lieu de rencontres pour les transactions les moins légales de tout un tas de types riches et puissants. La maison était occupée il y a quelques années par des squatteurs mais la police les avait délogés à grand renfort de matraques. Ces enfoirés de poulets avaient clôturé tous les accès mais Gregg savait comment les retirer et les replacer discrètement afin d'effectuer les trafics de son employeur sans attirer de soupçons.
Il se roula une clope pour patienter et observa les clichés ambulant qu'étaient ses collègues: musclés mais stupides, ils étaient tchèques, colombiens, sénégalais, thaïlandais et d'autres trucs mais aucun ne parlait vraiment le français, ils comprenaient les ordres et c'était suffisant.
Depuis quelques années, tout un tas de sans-papiers débarquaient dans le milieu. Gregg n'y voyait rien de mal, ces gars là exécutaient les ordres sans pinailler en échange de quoi ils recevaient des faux papiers très convaincants et une paye tout à fait correcte. C'est vrai qu'il était dur de créer des liens avec une bande dont pas un ne parlait la même langue, mais Gregg ne cherchait pas vraiment à créer des liens, il avait en effet un peu de mal avec les rapports humains et se limitait à une seule relation amicale ou amoureuse à la fois.
En l'occurrence, Jessica concentrait toute son attention ces temps-ci.
Il l'avait rencontrée a la buvette d'un concert du groupe irlandais The Pogues. Ils s'étaient découvert deux points en commun très rapidement, l'amour de la bière et celui de l'album "Rum sodomy & the Lash", surtout de la chanson "Sally Maclennane". Elle était venue en métro il l'avait raccompagné dans sa Renault R9 beige, une vieille voiture qu'il avait racheté à un sosie proffessionel de Jhonny Depp. Ils discutèrent ivres, du sens de la vie, de la société, et tant de choses dont Gregg avait déjà discuté en fin de cuite mais cette fois ci c'était diffèrent, plus intense et plus profond. Jessica était honnête et lui avoua rapidement qu'elle était mariée depuis trois ans, et surtout très malheureuse. A vrai dire, le fait qu'elle soit mariée importait peu Gregg, mais son malheur l'attristait terriblement, il ne comprenait pas que cette magnifique femme puisse être malheureuse. Son mari était absent, il coucha donc chez elle. Ils dormirent ensemble mais ne firent pas l'amour, chose inhabituelle pour Gregg mais il ne s'en rendit à peine comte. Le seul fait de se savoir proche de cette fille blonde aux yeux verts avec qui il avait tant partagé en une soirée le combla. En repartant le matin, Gregg se jura qu'il sauverait Jessica de son malheur.
Il fut tiré de ses pensées par l'arrivée de Fidel et de sa troupe personnelle de malfrats sans papiers. Fidel servait les intérêts du juge Bankony, Gregg et lui faisaient donc régulièrement affaire ensemble, mais ils ne pouvaient pas se blairer, et ce pour aucune raison précise mais bon, "on peut pas plaire à tout le monde" se disait Gregg.
"Yo, lança Fidel.
-Salut Fidel.
-Où est la cargaison?
-Là haut, à l'étage, grouille toi, je tiens pas à crever de froid encore longtemps ici."
Fidel s'exécuta sans un mots et rentra dans la maison accompagné de sa troupe... Et ne mis que cinq minutes a descendre, les mains vides et l'air furieux.
"Putain Gregg, tu crois que j'ai le temps de rire bordel !?
-De quoi, putain ? Prends l'or et casse-toi j'ai pas envie de trainer ici.
-Justement connard, où il est l'or ?"
Quelque chose avait échappé a Gregg, il n'aimait pas ça...
"L'or est au premier j'te l'ai dit déjà merde, dans des caisses de la CasianGold.
-Te fous pas de moi, fils de pute, toutes les caisses sont vides !"
Gregg pris sur lui de rentrer à nouveau dans la maison pour vérifier, et dû bien se rendre comte que Fidel avait raison. Il respira un grand coup et ouvrit les yeux face à l'évidence: il allait vraiment passer une nuit de merde...
"Oh jsuis morte !"
Noémie n'était pas vraiment morte, mais elle était très, très fatiguée. Cela faisait plus d'une heure qu'elle marchait dans le froid revenant d'un concert organisé dans une friche en banlieue, traversant la ville. Il restait encore au moins une heure trente de marche jusqu'à la Kaza, le squat où elle vivait avec son copain Genius. Elle le regardait marcher, il était déterminé et avançait vite, sifflant régulièrement après, Adolf et Maggie, les deux chiens qui parfois trainaient derrière, parfois disparaissaient loin devant. Mais Noémie savait que la détermination dont faisait preuve Genius n'était due qu'à la quantité astronomique d'Arizona Dream en poudre qu'il avait avalé dans des gélules, où qu'il s'était directement envoyé dans le nez. Ses yeux étaient rouges et grands ouverts, il reniflait régulièrement et sa mâchoire tremblait et bougeait de droite a gauche de manière frénétique, autant dire qu'il était encore complétement perché. Elle l'observait, pensante, cet homme était un vrai génie, d'où son surnom, il réfléchissait énormément, beaucoup trop pour être heureux, et la drogue ne l'aidait pas.
Noémie était orpheline, elle vivait dans un foyer mais n'y passait que peu de temps, elle préférait habiter au squat où logeait Jenn, sa meilleure amie qu'elle avait connue au Lycée. Lycée où elle ne mettait d'ailleurs plus les pieds, elle était bien mieux dans la rue. Clochards, dealers et toxicos ne l'effrayaient pas, bien au contraire, leur manière d'aborder la vie l'attiraient bien plus que celle des profs ou de la télé.
C'est à la Kaza qu'elle avait rencontré Genius. Il venait d'abandonner ses études dans une grande école d'ingénieur. Il était pourtant capable de réussir tous les concours les yeux fermé, mais Genius souffrait d'un mal terrible, qui le rongeait de manière violente. Il était schizophrène. Il ne prenait pas son traitement et parfois ses crises qui pouvaient durer plusieurs jours, terminaient dans des drames qui l'avaient plusieurs fois conduits à l'asile. A la Kaza, ses principales occupations étaient de s'occuper des installations électriques (il avait réussi a pirater le câble pour recevoir les chaines privées sur la vieille télé du squat) et de séparer de l'opium des médicaments qu'il volait dans des pharmacies. Mais il n'était pas dealer, il partageait la drogue avec ses amis. D'ailleurs l'opium attirait de toutes façons de moins en moins de monde depuis la mise en circulation de l'Arizona Dream.
Noémie n'avait pas pris d'A.D ce soir, elle s'efforçait d'espacer les prises depuis la fois où, un mois auparavant, du sang avait coulé a flots de ses deux narines pendant plus d'une heure. Elle savait que cette drogue était dangereuse, mais seule elle semblait s'en être rendue compte, et elle voyait ses amis en consommer de plus en plus tout en délaissant petit-à-petit, les amphets, les opiacés, et même l'héroïne...
"J'viens de penser à un truc !" S'exclama soudain Genius, brisant un long silence.
"Quoi donc ?
- Franchement, je sais pas toi, mais moi j'ai vraiment pas la motiv' de marcher jusqu'à la Kaza, mais on peut s'arrêter dormir dans l'ancien squat du 13 rues des capucins et repartir demain matin.
- Mais non, soit pas débile, ça fait longtemps que les flics l'ont bouclé cette baraque.
- T'en fais pas, j'ai trouvé le moyen d'y rentrer sans problème."
Le squat des capucins avait deux entrées, un portail donnant sur une petite cour et un jardin rue des capucins, et une petite porte à l'arrière donnant sur la rue Lenaud, mais les deux avaient été condamnées et grillagées par la police. Genius conduisit Noémie jusqu'à la rue Lenaud mais s'arrêta avant d'atteindre le squat, devant la porte de l'immeuble voisin. Il pris une grande inspiration et mis un violent coup de pied dans la porte, qui s'ouvrit dans un fracas, puis s'engouffra dans le bâtiment. Noémie s'assura que Maggie et Adolf suivaient et entra à son tour dedans.
La cage d'escaliers était poussiéreuse et vaste, aucune lumière ne fonctionnait, laissant l'espace empli d'obscurité. Ils montèrent au premier, l'escalier en pierre usée semblait ne tenir que par magie et la rambarde en fer forgé était tordue par endroits. Le premier palier donnait sur deux lourdes portes en bois à gauche et en face des marches, une troisième, plus petite etait située avant la rangée d'escaliers qui menait au deuxième.
Cette porte donnait sur un cagibi encore plus sombre et plus poussiéreux, où s'étalaient des gravats et des lambeaux de la tapisserie brune, déchirée et arrachée sur presque toute la surface des murs.
Noémie du s'habituer à l'obscurité avant de remarquer un détail pourtant flagrant, un trou béant de plus d'un mètre cinquante de haut et d'un mètre de large perçait le fond du cagibi.
"Tu sais où ça mène ?"
- Directement dans le grenier de la maison, à côté des chambres.
- T'est vraiment un putain de génie mon amour.
- Je sais ma puce, je sais. Je vais entrer en premier pour vérifier que le sol ne s'écroule pas, et je t'appelle après."
Genius s'activa et disparu dans l'obscurité.
Noémie attendit son appel pendant plusieurs secondes mais Genius ne se manifesta pas. Elle n'entendit pas non plus de bruits de chute, ni d'effondrements. Elle patienta encore quelques instants, puis ce décida à entrer, elle n'avait pas peur, elle n'avait jamais peur quand elle était accompagnée de ses chiens.
Le parquet grinçait légèrement, la pièce était sombre mais Noémie y voyait parfaitement bien. Genius se tenait debout, immobile et silencieux. Devant lui, parfaitement alignées se trouvaient cinq petites caisses étiquetées CasianGold Company, une entreprise que connaissait vaguement Noémie, autant pour sa réputation crapuleuse que pour le symbole de richesse extrême qu'elle représentait. Mais elle passa vite sur les décorations des caisses et préféra se concentrer sur leur contenu: des putains de lingots d'or !!!
Genius se retourna, toujours silencieux mais le visage fendu d'un large sourire, il tenait dans sa main droite un pochon rempli d'une poudre rose:
"Ouvre grand tes narines ma puce, on va avoir besoin de forces pour tout ramener jusqu'à la Kaza."